L’épidémie de VIH/sida, qui dure depuis 40 ans, a coûté la vie à des millions de personnes. Bien qu’il n’existe pas encore de traitement ou de vaccin efficace, des progrès considérables ont été réalisés dans la lutte contre cette maladie. Sur les 38 millions de personnes touchées par le VIH, 24,5 millions ont accès à un traitement antirétroviral[1]. La semaine dernière, la communauté du VIH s’est réunie virtuellement, à l’occasion de la conférence AIDS 2020, pour aborder le chemin parcouru et les défis futurs.

De nouveaux résultats encourageants y ont été présentés, entre autres l’efficacité supérieure du Cabotégravir injectable à libération prolongée en prévention du VIH par rapport à une prise quotidienne de Truvada par voie orale, ou de nouvelles données montrant la faible incidence du dolutégravir sur les malformations du tube neural.

Les intervenants étant basés à différents endroits du globe et donc dans de multiples fuseaux horaires, la conférence s’est articulée autour de plusieurs dizaines de groupes, de sessions à la demande, de colloques et d’interventions satellites et de thèmes tels que le VIH pédiatrique, la PrEP, les traitements à libération prolongée, les coïnfections du VIH, l’auto-dépistage, la toxicité des antirétroviraux, le rôle des communautés, tout cela dans un même but : mettre fin au VIH/sida.

Cette conférence a été l’occasion pour notre organisation, le Medicines Patent Pool, de tenir son tout premier stand virtuel. Nous avons ainsi pu présenter notre impact dans le domaine de la lutte contre le VIH, en mettant l’accent sur le rôle-clé des partenariats – avec l’industrie, les communautés, les bailleurs de fonds et les acteurs de la santé mondiale – dans la mise à disposition des personnes qui en ont besoin de milliards de doses d’antirétroviraux à des prix abordables.

Pendant le déroulement de la conférence, nous avons publié sur notre site web des témoignages de nos partenaires autour des questions suivantes :

  • Accès aux traitements –  Deborah Waterhouse, Présidente directrice générale de ViiV Healthcare
  • Égalité – Nelson Otwoma, PDG de NEPHAK et membre du Comité d’experts consultatifs du MPP
  • Coût des traitements – Aditya Wardhana, directeur exécutif de la Coalition indonésienne contre le sida
  • Disponibilité des traitements – Precious Matsoso, membre du Conseil d’administration d’Unitaid pour les pays africains et ancienne directrice générale du Département national de la santé d’Afrique du Sud

Autour de la question de l’avenir des antirétroviraux, nous avons coorganisé, avec l’OMS et Unitaid, un colloque satellite sur l’accès aux technologies à libération prolongée pour les médicaments anti-VIH. D’une efficacité avérée dans d’autres domaines, tels que le traitement de la schizophrénie ou la contraception, les produits de santé à libération prolongée sont l’avenir des soins pour les patients qui doivent prendre un traitement sur de longues périodes, car ils améliorent l’observance de ces traitements et le maintien dans le parcours de soin. Animé par Rachel Baggaley, de l’OMS, et moi-même, ce colloque a réuni autour de la table des représentants de l’industrie et de la société civile, des chercheurs, des bailleurs de fonds et des acteurs internationaux.

Les technologies à libération prolongée apparaissent également comme un point de convergence pour les experts. Comme l’a dit José Arribas, du Centre hospitalier universitaire de La Paz : « Je pense que, dans le futur, cette solution qui permet de prendre des médicaments moins souvent et en moins grande quantité équivaudra à avoir un vaccin contre le VIH, parce qu’on peut avoir une vie normale, sans transmettre le VIH. Donc, si elles sont abordables, les technologies à libération prolongées pourraient marquer un tournant. »

La pandémie mondiale de COVID-19 et son impact à la fois médical et sociétal sur le VIH a été abordée tout au long de la conférence. De nombreux intervenants ont exprimé leurs préoccupations concernant la continuité de l’accès aux traitements, de possibles ruptures de stock, l’interaction entre le VIH et la COVID-19, les nouvelles possibilités de traitements et les effets néfastes de la stigmatisation.

Alors que nous continuons de lutter contre la pandémie actuelle, n’oublions pas les progrès que nous avons accomplis contre le VIH. La résilience était le thème de cette conférence et, pour garantir cette résilience, nous devons tirer parti de l’expérience que nous avons acquise, mais aussi faire preuve de flexibilité dans un contexte en évolution. Un retour en arrière n’est pas envisageable ; nous devons nous engager à aller de l’avant. Au MPP, nous prenons cet engagement.


[1] Source : Fiche d’information 2020 — Dernières statistiques sur l’état de l’épidémie de sida, ONUSIDA