La vie continue dans la région de Banda Aceh et dans les camps, quelques mois seulement après le Tsunami de décembre 2004, alors que l’OMS apporte des soins et de l’assistance en coordination avec d’autres organisations.
Dr Yurlida, la coordinatrice régionale de formation contre la tuberculose (en bleu), forme Yusmiati, la manager tuberculose et Nurmasiarni (foulard rouge), la chargée de projets tuberculose, à Ulee Karang Health Center près de Banda Aceh, sur le sujet d’un nouveau traitement contre la tuberculose.

 

drug-resistant TB

Par le Programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS
Co-écrit par Tereza Kasaeva, Fuad Mirzayev, Matteo Zignol, Hannah Monica Yesudian Dias, Programme mondial de lutte contre la tuberculose, Organisation mondiale de la Santé (OMS)

La tuberculose est une maladie infectieuse mortelle qui a tué 1,4 million de personnes en 2019. Elle est l’une des premières causes de résistance antimicrobienne et de décès liés à cette résistance. En 2019, environ 465 000 personnes ont été diagnostiquées positives à la tuberculose pharmacorésistante. Parmi elles, moins de 40 % ont eu accès à un traitement. La tuberculose multirésistante est une forme de tuberculose causée par des souches de Mycobacterium Tuberculosis (M. tuberculosis) qui résiste au moins à la rifampicine et à l’isoniazide. Elle est apparue à la fin des années 1990 et menace la lutte contre la tuberculose partout dans le monde.

Pour accélérer l’action dans ce domaine, les chefs d’État qui participaient à la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la lutte contre la tuberculose de 2018 se sont engagés à permettre à 1,5 million de personnes touchées par la tuberculose pharmacorésistante d’avoir accès à un traitement avant 2022. Cet engagement repose sur les objectifs et les engagements de la Stratégie Halte à la tuberculose de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et sur les Objectifs de développement durable. Le récent rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les progrès en matière de lutte contre la tuberculose en 2020, élaboré avec le soutien de l’OMS, et le Rapport de l’OMS sur la tuberculose dans le monde indiquent que, bien que des progrès aient été enregistrés dans ce domaine, ils restent insuffisants. Le nombre total de personnes traitées pour une tuberculose pharmacorésistante en 2018-2019 était de 333 000, soit 22 % de l’objectif de 1,5 million initialement fixé.

La dernière décennie a laissé présager un certain nombre d’innovations en matière de dépistage et de traitement des deux formes de la maladie. Plusieurs nouveaux médicaments contre la tuberculose multirésistante ont été développés et commercialisés. L’OMS s’est tenue à jour de ces évolutions en révisant et en actualisant régulièrement ses politiques de traitement. En particulier, les dernières directives de l’OMS exhortent les pays à faciliter l’accès à des traitements exclusivement oraux. Les États membres ont suivi l’exemple en adoptant rapidement de nouvelles politiques.

Les principaux bailleurs de fonds et partenaires, parmi lesquels le Fonds mondial, USAID et Unitaid, se sont engagés à soutenir les pays à revenu faible lourdement touchés par la tuberculose multirésistante. Le Service pharmaceutique mondial du partenariat Halte à la tuberculose, soutenu par USAID, travaille en étroite coopération avec des fabricants et des pays. Leur but est d’améliorer l’accès à des médicaments et des produits de diagnostic de qualité et abordables. Et ce pour les populations qui en ont besoin; y compris celles touchées par la tuberculose multirésistante.

L’accès aux nouveaux produits reste toutefois difficile pour plusieurs raisons, parmi lesquelles des cadres de propriété intellectuelle complexes et des obstacles réglementaires. Dans certains cas, les achats de médicaments subventionnés sont éligibles à des dérogations ; cependant, il est généralement nécessaire que les médicaments bénéficient d’une autorisation délivrée par l’autorité de réglementation nationale. Bien que ce travail prenne du temps et nécessite de l’expérience et de suivre des procédures bien établies, cet obstacle peut être surmonté grâce à un appui technique, au partage de connaissances et à des partenariats entre autorités de réglementation.

Les brevets peuvent constituer des obstacles à l’accès aux innovations en matière de lutte contre la tuberculose, notamment aux traitements, qui sont plus difficiles à obtenir. Les brevets protègent la propriété intellectuelle et favorisent l’innovation. Mais ils vont aussi de pair avec un monopole et le contrôle du marché pendant une certaine durée. Le fait de créer une concurrence générique sur les marchés où il n’y a qu’un seul acteur peut réellement changer la donne. Non seulement parce que cela apporte une sécurité en matière d’offre; mais aussi parce que cela permet de tirer les prix vers le bas. Il en résulte des économies pour les gouvernements et des résultats positifs en matière de santé pour les communautés touchées.

La licence de santé publique volontaire est un mécanisme innovant de gestion de la propriété intellectuelle. Il permet de surmonter les obstacles liés aux brevets. Les communautés de brevets de santé publique peuvent améliorer l’accès aux médicaments et aux technologies de santé, notamment dans les pays en développement, et faciliter l’innovation.

Le Medicines Patent Pool (MPP), créé en 2010 par Unitaid, est la première communauté de brevets dotée d’un mandat de santé publique clair. Il s’agit d’un mécanisme de licences volontaires à but non lucratif qui fonctionne grâce à des partenariats avec des fabricants de princeps et des fabricants de médicaments génériques, en facilitant l’accès et en favorisant l’innovation. Le MPP négocie des licences auprès des titulaires de brevet et octroie des sous-licences à différents fabricants de génériques. Ces derniers peuvent alors développer des versions de qualité à prix abordable des médicaments concernés, y compris de nouvelles formulations et des combinaisons à dose fixe. Les traitements sous licence sont commercialisés dans un ensemble défini de pays en développement, parfois contre une redevance.

Le MPP bénéficie du soutien ferme des Nations Unie. Il a déjà obtenu des licences pour de nombreux médicaments candidats au traitement du VIH, de l’hépatite et de la tuberculose. Ce mécanisme a un rôle majeur à jouer dans la mise en œuvre des recommandations prioritaires formulées par le Secrétaire général des Nations Unies concernant la lutte contre la tuberculose pharmacorésistante. Il contribuera aussi à réduire les inégalités persistantes en matière de soins en améliorant l’accès à des médicaments abordables de qualité; ainsi qu’aux traitements exclusivement oraux. Ces derniers sont recommandés par l’OMS chez les adultes et les enfants souffrant de tuberculose pharmacorésistante.

Le Programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS salue le travail accompli par le MPP au cours des dix dernières années. Il espère que son modèle sera encore élargi à d’autres médicaments. Notamment ceux présentant un intérêt élevé pour la lutte contre la tuberculose; afin d’améliorer l’accès à des traitements abordables pour les personnes en ont le plus besoin : dans les pays à revenu faible et intermédiaire.