Dans le cadre du programme du Centre de transfert de technologie ARNm, le South African Medical Research Council (SAMRC) se concentrera sur la recherche, afin de développer un pipeline de nouveaux candidats vaccins à ARNm qu’Afrigen et, plus tard, Biovac pourront fabriquer. Grâce à une approche de consortium et en travaillant avec des institutions scientifiques de premier plan en Afrique du Sud, le SAMRC dirigera le développement et les tests de différents candidats vaccins à base d’ARNm pour le COVID-19 et, en parallèle, des candidats vaccins à ARNm pour d’autres maladies intéressant les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFM). Le SAMRC a pour mandat d’améliorer la santé de la population sud-africaine par la recherche, le développement et le transfert de technologies, afin que les gens puissent bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Le SAMRC est le plus important bailleur de fonds africain pour la recherche médicale sur ce continent. Il est essentiel pour les collaborations en Afrique du Sud et ailleurs.

Par Professeur Glenda Gray, Président and PDG du Conseil sud-africain de la recherche médicale (SMARC)

Le programme de transfert de technologie ARNm a débuté depuis plus d’un an et de nombreux résultats ont été obtenus en si peu temps. Aujourd’hui, grâce à notre travail collectif, les partenaires du Centre de transfert de technologie ARNm ont développé un prototype de vaccin ARNm dont les essais cliniques devraient débuter l’année prochaine. Les ressources ont été mobilisées et la formation a commencé. Le SAMRC a également créé le South African mRNA Vaccine Consortium (SAMVAC). Il a été chargé de développer et de tester de nombreux candidats vaccins à ARNm contre le COVID-19 et, en parallèle, des candidats vaccins à ARNm pour d’autres maladies d’intérêt dans les PRFM.   Les partenaires du Centre de transfert de technologie ARNm ont une longue expérience dans ce domaine, sur laquelle nous nous appuyons.  Nous sommes sur la voie du succès, et ce succès repose sur des composantes cruciales que nous devons aborder collectivement pour parvenir à renforcer les capacités en matière de recherche et développement et de bioproduction dans les PRFM. Ces composantes sont l’accès aux bonnes plateformes, les collaborations, la localisation, la durabilité à long terme et l’engagement politique. Permettez-moi de développer :

  1. L’accès aux bonnes plateformes.Notre objectif est de créer, grâce au centre de transfert de technologie ARNm, un réseau de bioproduits dans les PRFM, chacun d’entre eux pouvant développer et fournir différents vaccins à ARNm. Pour ce faire, nous devons mettre à disposition des plateformes évolutives, rapidement déployables, abordables et transférables à d’autres maladies infectieuses. Par exemple, en Afrique du Sud, nous avons une forte prévalence du VIH et de la tuberculose, et la plateforme ARNm est une magnifique opportunité d’utiliser notre expertise en matière de VIH, de tuberculose et de SRAS-CoV-2 pour étendre l’écosystème et l’accès à la vaccination.
  2. La collaboration.Pour développer de nouveaux vaccins à ARNm, nous avons besoin d’une série de collaborations étendues, tant au niveau local qu’international. En Afrique du Sud, nous avons déjà une excellente collaboration entre les scientifiques qui ont produit le premier candidat ARNm, notamment l’université de Witwatersrand, Afrigen, le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC) et la société de biotechnologie Biovac, avec laquelle le premier transfert de technologie sera effectué et qui développera le premier vaccin issu de ce projet. Au fur et à mesure que nous progressons, nous aurons besoin de bons scientifiques de base pour participer à ce projet. Nous les avons en Afrique du Sud et nous les avons intégrés au SAMVAC. Nous disposons également d’excellents scientifiques de laboratoire, d’une bonne infrastructure de laboratoire et d’une infrastructure d’essais cliniques bien établie. Ces éléments sont essentiels lorsque l’on commence à administrer des vaccins à des humains pour la première fois. Pourtant, même avec nos atouts nationaux, rien de tout cela ne serait possible sans nos collaborateurs internationaux. L’Organisation mondiale de la santé et le Medicines Patent Pool sont des partenaires essentiels, tout comme le Vaccine Research Centre et des partenaires tels que les National Institutes of Health (NIH). Ces derniers ont officiellement collaboré avec Afrigen pour améliorer la production de vaccins. Notre soutien réglementaire est également essentiel à cette collaboration. La SAHPRA (Autorité sud-africaine de réglementation des produits de santé) est un partenaire essentiel en Afrique du Sud. Nous entretenons d’excellentes relations avec eux, si bien que lorsque nous sommes bloqués, nous pouvons prendre le téléphone et les rencontrer pour discuter de tout, de la fabrication à la conception d’essais cliniques. Ce ne sont là que quelques-unes des collaborations que nous développons.
  3. La localisation.Nous devons continuer à renforcer les capacités locales en science et en R&D, et répondre à la problématique locale de morbidité. Nous ne pouvons pas attendre que quelqu’un d’autre résolve le problème de la tuberculose pour nous. Nous devons le résoudre nous-mêmes. La localisation est un équilibre, car même si nous devons développer les capacités locales, nous avons besoin d’un retour sur investissement. Et nous devons veiller à ce que nos produits soient disponibles dans le cadre d’un appel d’offres local, ou qu’ils puissent être utilisés ailleurs, ce qui m’amène au point suivant.
  4. La durabilité.Pour soutenir le développement de la R&D dans les PRFM, nous avons besoin de marchés. La durabilité est synonyme de marchés. Sans marchés locaux, régionaux, continentaux et mondiaux, sans pipeline et sans diversification des plateformes, nos capacités et nos investissements seront gaspillés. Nous devons examiner comment utiliser ce pipeline, accéder au marché et diversifier nos plateformes. Par exemple, il y a une pénurie mondiale de vaccins contre le choléra, et nous devons développer des vaccins contre la shigellose. Il y a beaucoup à faire. Nous pouvons commencer par des vaccins nécessaires à l’échelle mondiale puis aller de l’avant. Les vaccins que nous fabriquons doivent être vendus. Nous devons donc obtenir des engagements commerciaux avancés de la part des grandes agences d’approvisionnement mondiales comme la GAVI. Nous avons besoin d’un engagement commun pour que cela fonctionne.
  5. L’engagement politique. Nous l’avons vu au niveau international avec l’importance de l’engagement politique de l’Organisation mondiale de la santé et celui de nos bailleurs de fonds à travers leurs engagements à la fois financiers et politiques. Mais nous avons aussi besoin d’engagements au niveau local. Nous avons besoin d’une collaboration entre notre Trésor public, notre ministère des Sciences et de l’innovation et notre ministère de la Santé. Nous avons besoin d’argent public. Les pays ont besoin de leur propre argent, de leurs propres fonds publics, pour investir dans ce domaine, car ce n’est qu’à cette condition que ce sera durable. La véritable durabilité se réalise lorsque votre pays investit son propre argent, non pas dans des armes, mais dans des vaccins. Je pense que c’est ce que nous devons faire. Nous avons aussi besoin de partenariats public-privé où nous sommes tous à égalité. Nous devons être sur un pied d’égalité avec nos partenaires du Nord et, ensemble, nous nous engageons tous à réussir.