Le centre de transfert de technologies pour les vaccins à ARNm a accueilli les équipes de deux fabricants de vaccins basés en Argentine et au Brésil. Ils participeront à la première formation dispensée par le centre dans le but de stimuler la production dans les pays à revenus faible et intermédiaire.

En effet, dans le cadre du programme de transfert de technologies pour les vaccins à ARNm, des scientifiques de Sinergium Biotech (Argentine) et de Bio-Manguinhos/Fiocruz (Brésil) se sont rendus au centre d’Afrigen, au Cap (Afrique du Sud). Lors d’une formation de trois jours, ils se sont familiarisés avec le processus de fabrication adopté par Afrigen, qui comprend notamment la formulation des nanoparticules lipidiques et l’analyse de données, ainsi que la production et le contrôle des vaccins à ARNm.

Les participants de Sinergium et Bio-Manguinhos/Fiocruz, qui possèdent une vaste expérience de la production et de l’élaboration de vaccins et de médicaments biotechnologiques, ont déclaré que cette formation avait été une excellente occasion d’établir des contacts, d’aborder des problèmes techniques et de travailler en laboratoire aux côtés des scientifiques d’Afrigen. Aujourd’hui, leur objectif est de rapporter chez eux leurs nouvelles connaissances et de faire connaître les atouts de cette nouvelle technologie au reste du monde.

Sotiris Missailidis

« Les avantages de ce programme sont multiples », a déclaré Sotiris Missailidis, directeur de la recherche-développement chez Bio-Manguinhos/Fiocruz, institution de santé publique basée à Rio de Janeiro qui fabrique des vaccins contre la fièvre jaune et la maladie à méningocoque pour le Brésil et d’autres pays d’Amérique latine.

« Il permet aux entreprises bénéficiaires de développer et de produire des vaccins à ARNm sur leur propre territoire, et ainsi de répondre aux besoins de la population là où ils sont les plus importants. Beaucoup de grands laboratoires refusent le transfert de technologie, en particulier pour cette technologie-là. Or nous avons vu, avec la COVID-19, que l’accès aux vaccins n’est pas équitable entre tous les pays », a ajouté Sotiris Missailidis.

Patricia Neves

Patricia Neves, responsable de la technologie ARNm chez Bio-Manguinhos/Fiocruz, a expliqué qu’il était très important que les pays du Sud puissent produire leurs propres vaccins de manière durable, afin de renforcer la sécurité sanitaire de leur région.

« Nous sommes très fiers d’être ici et de prendre part à cette initiative. Je pense qu’il est très important que les pays du Sud prouvent qu’ils ont la capacité de s’approprier cette technologie. Nous ne pouvons pas accepter que des personnes ne soient pas vaccinées, comme c’est le cas actuellement », a-t-elle déclaré.

Fernando Lobos

Fernando Lobos, directeur de Sinergium, a salué le travail de coopération mis en œuvre entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Medicines Patent Pool, les gouvernements et d’autres partenaires pour créer le centre.

« Nous devons faire en sorte que personne ne soit laissé sur le bord du chemin. L’OMS et le MPP font un travail remarquable et réunissant tous ces gens, a déclaré Fernando Lobos. Dans cette opération de santé publique, nous devons faire en sorte que personne ne soit laissé sur le bord du chemin. »

German Sanchez Alberti

« La technologie des vaccins à ARNm permettra aux entreprises qui suivent la formation de fabriquer des vaccins non seulement contre la COVID-19, mais aussi contre d’autres maladies, telles que la grippe et d’autres virus respiratoires », a indiqué German Sanchez Alberti, chef de projets chez Sinergium.

Sinergium, entreprise biopharmaceutique du secteur privé basée dans la banlieue de Buenos Aires, fabrique des vaccins destinés au marché argentin, mais approvisionne aussi l’Organisation panaméricaine de la santé, le bureau régional de l’OMS pour les Amériques.

« Le champ d’exploration qu’offre la technologie ARNm est immense », a déclaré German Sanchez Alberti.

The mRNA Tech Transfer Hub Programme – a learning platform

Ce centre a été créé en juillet 2021 avec l’appui de l’OMS, du Medicines Patent Pool et du dispositif ACT-A/COVAX, en réponse aux inégalités flagrantes en matière d’accès aux vaccins anti-COVID-19.

Le principe du programme de transfert de technologies pour les vaccins à ARNm est de permettre à des dizaines d’entreprises (« entités périphériques ») basées dans des pays à revenus faible et intermédiaire de produire leurs propres vaccins à ARNm afin de lutter contre les pandémies, actuelle et futures.

L’OMS et d’autres partenaires proposent des formations et un appui financier afin de constituer le capital humain nécessaire à la mise en application des connaissances dans les domaines de la production, du contrôle qualité et de la réglementation des produits, et offriront une assistance pour l’obtention des licences nécessaires.

Vêtus de blouses blanches et de masques, les participants sud-américains à la formation ont passé du temps dans les salles blanches d’Afrigen, écoutant attentivement les explications, posant des questions et prenant des notes.

Des membres de l’Unité de thérapie génique antivirale de l’Université de Wits, partenaire d’Afrigen, sont venus compléter l’équipe d’Afrigen chargée de dispenser la formation. Le Conseil de recherche médicale sud-africain a présenté le programme local de R&D, composante essentielle pour la pérennisation du réseau en étoile.

Santiago Rodriguez

Santiago Rodiguez, responsable de l’optimisation des processus au sein de l’entreprise pharmaceutique mAbxience, qui appartient à Sinergium, a indiqué que l’accueil et la formation au centre avaient été formidables.

« Nous avons réalisé une production d’ARNm à l’échelle du laboratoire et avons appris les méthodes analytiques en lien avec cette production, a expliqué Santiago Rodiguez. Ce projet nous a permis de découvrir un savoir-faire très important sur le plan technique, que nous pourrons reproduire dans nos laboratoires en Argentine. »

Change of paradigm

Kristie Bloom

La Dre Kristie Bloom, chercheuse à l’Université de Wits, a indiqué que les échanges avec les autres participants concernant leur expérience de la technologie ARNm avaient été très enrichissants.

« Ce type de collaboration sera crucial dans le futur », a-t-elle déclaré.

 

Caryn Fenner

La Dre Caryn Fenner, directrice exécutive de la technologie ARNm chez Afrigen, a indiqué que la présentation de la technologie ARNm était la première étape de la création du réseau en étoile autour du centre d’Afrigen, constitué d’entités périphériques basées dans des pays à revenus faible et intermédiaire.

Selon elle, le rôle d’Afrigen consiste à diffuser le savoir-faire et les connaissances des scientifiques partout dans le monde, « en repérant les lacunes et les possibilités d’entraide ». « Il s’agit davantage d’un partenariat que d’une transmission verticale des connaissances, d’Afrigen vers les entités périphériques. »

Sotiris Missailidis, de Bio-Manguinhos/Fiocruz, a expliqué que les entreprises des pays à revenus faible et intermédiaire sont conscientes des défis à venir, notamment en ce qui concerne la production de vaccins à ARNm à grande échelle et la fourniture de matières premières.

Pour lui, la création de ce centre témoigne d’un changement de paradigme, au profit d’un nouveau modèle où le Sud bénéficie du transfert de technologies pour développer et produire des vaccins et technologies de santé.

« Il reste encore beaucoup à faire, mais nous espérons que ce travail portera ses fruits. »


Photo gallery