La Mission permanente de la France à Genève et Medicines Patent Pool, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont le plaisir de coorganiser un événement parallèle de haut niveau dans le cadre de la 78e Assemblée mondiale de la Santé (AMS78), qui se tiendra le 19 mai 2025, de 18h00 à 19h30 (CET) à la Mission permanente de la France à Genève, ainsi qu’en ligne, avec interprétation simultanée en français et en anglais.

Le 19 mai 2025, la Mission permanente de la France à Genève et leMedicines Patent Pool (MPP), avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont organisé un événement parallèle de haut niveau en marge de la 78e Assemblée mondiale de la Santé à Genève. Accueilli au sein de la Mission française, l’événement a rassemblé des ministres de la santé, des organisations multilatérales, des dirigeants régionaux, la société civile et des partenaires du développement pour discuter de la manière dont la production locale, le transfert de technologies et les investissements dans le capital humain peuvent façonner des systèmes de santé résilients, réactifs et équitables.

L’événement a été officiellement ouvert par l’ambassadrice Céline Jurgensen, Représentante permanente de la France à Genève, et animé par Charles Gore, Directeur exécutif du Medicines Patent Pool.

Ouverture par le pays hôte – la France

M. Yannick Neuder, Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, a réaffirmé l’engagement de la France en faveur de la souveraineté sanitaire, de l’équité et de la production locale, en soulignant le rôle du Traité sur les pandémies, de la prochaine présidence française du G7 et de la nécessité de systèmes flexibles qui renforcent le leadership régional. Il a conclu en appelant à une coopération fondée sur la confiance et la dignité.

Perspectives des pays partenaires

Le Dr Mustapha Ferjani, Ministre de la Santé de Tunisie, a souligné que la souveraineté sanitaire doit reposer sur la solidarité régionale, la force des autorités de régulation et la transparence des licences. Il a appelé à un « pacte basé sur la confiance et la responsabilité partagée », ancré dans un transfert équitable des technologies.

M. Budi Gunadi Sadikin, Ministre de la Santé d’Indonésie, a mis en avant les difficultés liées à la transformation des ressources en un accès rapide aux produits de santé. Il a insisté sur le rôle essentiel du Fonds pour les pandémies et du Traité sur les pandémies comme piliers de l’architecture sanitaire mondiale.

Le Dr Joe Phaahla, Vice-ministre de la Santé d’Afrique du Sud, a réaffirmé le rôle de leadership de son pays dans le Programme de transfert de technologie ARNm, en soulignant les collaborations régionales via l’Union africaine et les mécanismes d’achats groupés comme éléments clés pour structurer le marché et partager la production.

L’ambassadeur Peter McDougall, du Canada, a mis en avant l’importance de soutenir des écosystèmes solides et a exprimé la fierté du Canada en tant que principal bailleur de fonds du programme, contribuant à une chaîne d’approvisionnement en vaccins qui entre désormais dans une phase critique de durabilité.

Transfert de technologie ARNm : où en est-on ?

Le Dr Martin Friede, coordinateur à l’OMS, a présenté une intervention prospective sur la transition du Programme de transfert de technologie ARNm, allant de la phase de fondation à celle de la durabilité. Il a souligné les progrès remarquables accomplis en quelques années – transformant une idée en un réseau croissant de partenaires issus de pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) dotés de technologies de pointe.

Il a décrit la plateforme ARNm comme une technologie puissante, encore jeune, mais ayant le potentiel de révolutionner à la fois les vaccins et les traitements, y compris contre le cancer et les maladies auto-immunes – si un soutien continu lui est accordé. « C’est un jeune enfant avec un potentiel énorme », a-t-il dit, appelant gouvernements, bailleurs et partenaires à l’accompagner collectivement vers la maturité.

Il a aussi souligné l’importance des consortiums de R&D établis, du développement de pipelines pour les maladies prioritaires (telles que le VPH, le VRS ou la leishmaniose) et du potentiel croissant pour les anticorps monoclonaux abordables. Des investissements continus, le développement de produits et une collaboration intersectorielle seront essentiels pour garantir la durabilité et l’impact.

Table ronde : La durabilité en action sur le modèle ARNm

Le Dr Abebe Genetu, des CDC Afrique, a insisté sur l’importance d’un cadre complet de production de vaccins en Afrique, allant de la R&D au renforcement des capacités réglementaires et à la formation des personnels. Il a mis en avant la nécessité d’achats groupés et de création de marché pour maintenir une production locale durable.

Jamie Love, Directeur de KEI, a qualifié le programme de rare réussite en matière de transfert technologique, appelant à son expansion vers les maladies négligées. Il a souligné les blocages réglementaires et le coût élevé de l’inaction, notamment pour les maladies rares et les thérapies avancées.

Maria de Lourdes Aguiar Oliveira, de Fiocruz, a salué la flexibilité de la plateforme ARNm, en mentionnant le développement par le Brésil de la première installation certifiée BPF en Amérique latine et de nouvelles collaborations avec les CDC Afrique. Elle a insisté sur l’importance des écosystèmes de R&D et sur la lutte contre l’hésitation vaccinale via la confiance publique et l’engagement communautaire.

Sur le financement innovant

Cécile Billaux, de la Commission européenne (INTPA), a présenté l’approche d’investissement à plusieurs volets de l’UE via le programme Global Gateway et MAV+. Elle a mis en lumière des outils comme les prêts aux entreprises, les dettes à risque et les garanties de volume, en insistant sur l’importance des partenariats et de la flexibilité des montants engagés.

Farid Fezoua, de la SFI (IFC), a souligné la nécessité de financer l’ensemble de la chaîne de valeur des produits de santé, en particulier la production en amont, qui reste la plus difficile à soutenir. Il a partagé l’exemple du montage financier de l’Institut Pasteur de Dakar et a mis en avant les modèles de financement mixte attirant des co-investissements.

Sur la formation et le renforcement des capacités

Le Dr Bart Janssens, de l’Académie de l’OMS, a affirmé que les ressources humaines sont « l’épine dorsale de tout système de fabrication ». Avec plus de 7 000 personnes déjà formées, il a insisté sur des modèles d’apprentissage adaptés aux contextes nationaux et sur la nécessité d’un investissement soutenu pour garantir l’équité et la résilience à long terme.

Priya Basu, du Fonds pour les pandémies, a expliqué comment ce fonds catalyse les investissements dans 75 PRFI, via le développement des compétences, des capacités de laboratoire et des systèmes nationaux d’intervention d’urgence. Elle a rappelé l’alignement avec la mission du MPP et souligné que la préparation est impossible sans capital humain adapté.

Réflexions de clôture

Le Dr Deus Mubangizi (au nom du Dr Yukiko Nakatani, OMS) a conclu par un appel à l’action :

« Nous avons besoin d’un pipeline structuré, de produits de qualité, et de marchés capables de les absorber. Le Programme ARNm montre ce qu’il est possible de réaliser lorsque les partenaires s’unissent autour d’un objectif commun. »

Il a réaffirmé la nécessité de financer la durabilité, d’investir dans les ressources humaines et de bâtir des systèmes qui dépassent le cadre d’une seule pandémie.

Claire Thuaudet, Représentante permanente adjointe de la France, a conclu en remerciant tous les participants et en réaffirmant l’engagement de la France à œuvrer « ensemble pour la santé mondiale »