Après avoir étudié la médecine à l’université Makerere de Kampala, Ouganda, le docteur Stephen Watiti a été médecin conseil à l’hôpital Rubaga de Kampala de 1985 à 1988. Il a ensuite pratiqué la médecine dans le secteur privé à la clinique Entebbe Road et au centre médical JOY, dans le quartier de Ndeeba, à Kampala. De 2004 à 2013, il a travaillé pour Mildmay Uganda, organisation de premier plan dans la prestation de services pour les personnes atteintes du VIH/sida.

Militant de la lutte contre le VIH et fervent défenseur d’une santé meilleure et durable pour tous, le docteur Watiti pense, avec le recul, qu’il a contracté le VIH entre 1985 et 1986, alors qu’il était jeune médecin. En 2000, il a commencé les antirétroviraux après avoir contracté la tuberculose, un sarcome de Kaposi et une méningite. Il a écrit de nombreux articles sur le VIH pour New Vision, un des principaux journaux quotidiens ougandais.

« Mon travail de plaidoyer a commencé lorsque mon état s’est amélioré, après que j’ai développé le sida en 1999. J’ai décidé de parler ouvertement de mon expérience, espérant faire en sorte que d’autres ne vivent pas la même chose. Honnêtement, j’ai cru que j’allais mourir. J’ai prié Dieu de m’accorder cinq ans pour que je puisse élever ma fille. »

En tant que médecin atteint du VIH, le docteur Watiti peut aborder la question de la maladie sous plusieurs angles. « Mon pays, l’Ouganda, a accès au dolutégravir (DTG), bien qu’il soit déployé de manière progressive. De nombreuses personnes vivant avec le VIH qui supportent bien les anciens traitements, tels que le ténofovir/lamivudine/éfavirenz (TLE600) sont réticents au changement – les habitudes ont la vie dure – mais je recommanderais fortement le DTG à tous les patients, parce que c’est un traitement plus léger et plus facile : le comprimé est plus petit, plus facile à avaler, et il ne nécessite qu’une prise par jour, sans restriction alimentaire. Il entraîne aussi moins d’effets secondaires par rapport aux autres antirétroviraux, ce qui facilite l’observance. La majorité des personnes qui sont passées au dolutégravir sont très contentes du changement ; beaucoup se demandent d’ailleurs si elles sont vraiment encore sous antirétroviraux ! »

« C’est aussi un changement radical pour d’autres raisons pratiques et émotionnelles. Parce que le traitement est plus facile et le comprimé plus petit, les visites au centre de santé sont moins fréquentes, et perturbent moins la vie quotidienne. C’est très important pour les patients qui souhaitent rester anonymes en raison de la stigmatisation associée au VIH et aux antirétroviraux. De nombreuses personnes vivant avec le VIH ont peur de commencer les antirétroviraux à cause des effets secondaires qui y sont associés, comme les transformations physiques ou l’impossibilité de travailler de nuit, ou de sortir le soir avec ses amis. »

« Maintenant que les traitements sont proposés dès le dépistage, nous avons besoin de médicaments comme le DTG, pour que les patients n’aient pas à endurer les mêmes problèmes que dans le passé, lorsque des personnes séropositives qui ont développé le sida, une expérience tellement horrible, étaient prêtes à avaler les pires médicaments. Heureusement, les traitements aujourd’hui sont beaucoup plus tolérables. »

En tant que médecin, Stephen est très au courant des défis auxquels l’Ouganda sera confronté en ce qui concerne l’accès au DTG.

« En Ouganda, au vu des infrastructures insuffisantes et de l’absence d’un système de santé solide, il sera presque impossible de faire en sorte que plus de 1,3 million[1] de patients aient accès aux antirétroviraux dont ils ont besoin sans qu’on soit confronté à des ruptures de stocks. Nous devons aussi penser à la sensibilisation, qui peut inciter les personnes à venir se faire dépister et, selon moi, il faut investir dans les programmes de connaissance des traitements pour tous les patients touchés par le VIH, car un traitement antirétroviral est un traitement à vie. »

Entre janvier 2012 et décembre 2018, les fabricants de génériques partenaires du MPP ont fourni du DTG et du TLD à 158 000 patients-année en Ouganda[2].

 

Autres références (en anglais) :

The Watiti Foundation

Living with HIV in Uganda – The Guardian, Global Development

Dr Stephen Watiti – A story of HIV/AIDS and hope

 

Notes :

[1] ONUSIDA, fiche de pays de l’Ouganda (en anglais)

[2] À ce chiffre doit être ajouté le volume fourni par l’intermédiaire des agences d’approvisionnement.