La base de données de brevets et de licences du MPP (MedsPaL) est une ressource gratuite qui fournit des informations sur le statut de la propriété intellectuelle des technologies et produits de santé. Elle est conçue pour faciliter un meilleur accès aux médicaments et technologies les plus efficaces pour les populations vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI).

MPP News s’est récemment entretenu avec la Professeure Petro Terblanche, directrice générale d’Afrigen, une entreprise de biotechnologie spécialisée dans le développement technologique, la formation et le transfert de technologie pour les 15 partenaires du Programme de Transfert de Technologie pour l’ARN messager. Ce programme mondial, dirigé par le MPP et l’OMS, vise à améliorer la sécurité sanitaire en établissant des capacités de production d’ARNm durables et localement maîtrisées dans et pour les PRFI.

En quoi MedsPaL aide-t-il Afrigen dans ses travaux ?

Nous sommes le centre du Programme de Transfert de Technologie pour l’ARNm. Nous avons été introduits à VaxPaL, le prédécesseur de MedsPaL, en 2022, lorsque le programme a commencé. Toute organisation impliquée dans la recherche, le développement et la production doit avoir une très bonne compréhension du droit des brevets et des portefeuilles de brevets. Il serait impossible de travailler en biotechnologie ou de développer des produits sans comprendre le paysage des brevets, particulièrement complexe pour l’ARNm en raison de la nouveauté de cette plateforme.

L’équipe du MPP est excellente pour fournir une vision « de haut niveau » avec des détails sur les domaines clés et les tendances. À partir de ces données, nous pouvons approfondir certains aspects spécifiques, ce qui éclaire notre prise de décision concernant les tendances actuelles en matière de brevets. Cela nous donne les détails nécessaires pour développer une approche stratégique plus efficace. Notre objectif actuel est d’utiliser MedsPaL au fur et à mesure que nous développons de nouveaux produits, que le MPP pourra ensuite concéder sous licence à des partenaires. Cela garantit la durabilité du réseau.

Comment Afrigen choisit-il les produits à développer ?

Lorsque nous sélectionnons un produit, nous commençons par évaluer les besoins non satisfaits. Nous nous demandons : « Quelles sont les lacunes du marché ? » « Quelle est la charge de morbidité en Afrique ? » C’est notre priorité. Ensuite, pour les pays à revenu intermédiaire, nous examinons comment accéder à des antigènes ou à des groupes partenaires d’antigènes, puis développer un produit que nous souhaiterions faire aboutir à une licence.

Neuf produits sur dix échouent généralement pendant les essais cliniques, donc nous devons construire un portefeuille. Grâce à MedsPaL, nous avons pu identifier, parmi les 20 ou 30 agents pathogènes prioritaires, ceux qui seraient adaptés à la technologie ARNm d’un point de vue commercial.

C’est extrêmement complexe d’analyser les territoires et juridictions, et leurs chevauchements. Nous devons examiner les problématiques liées à la liberté d’exploitation dans les différents territoires des 15 partenaires. Le défi avec les recherches de liberté d’exploitation, c’est que le brevet en lui-même ne dit rien. Il faut examiner les revendications pour comprendre la réalité. Mais MedsPaL nous offre la visibilité nécessaire, en révélant la réalité du paysage sur les domaines clés et les activités principales.

En quoi MedsPaL favorise-t-il l’innovation ?

Je pense que MedsPaL est une formidable contribution et un bien public mondial, et c’est tout à l’honneur du MPP. Pour nous aussi, ce sera très utile dans le domaine du diagnostic et bien sûr dans l’autre domaine émergent, celui de la résistance aux antimicrobiens (RAM). De même, l’innovation doit être au cœur de la préparation aux pandémies, et le succès dépendra d’une bonne compréhension du paysage de la propriété intellectuelle.

Il est important de distinguer la manière dont fonctionne le secteur privé par rapport au monde universitaire ou au secteur non lucratif. Le secteur privé ne fait rien sans une analyse approfondie du paysage commercial et une évaluation des perspectives de retour sur investissement. Il va déterminer si le domaine est saturé d’un point de vue commercial : y a-t-il de la place pour l’innovation ? Est-ce que cela vaut la peine de s’y engager ?

La recherche universitaire néglige souvent l’analyse du paysage des brevets, car elle se concentre davantage sur la prévalence des maladies. Mais pour le secteur privé, comprendre le paysage des brevets est essentiel : ils savent qu’il n’y a pas de retour sur investissement possible si les brevets existent déjà.

Le travail effectué par le MPP sur le paysage des brevets de la technologie contre le VRS (virus respiratoire syncytial) a été absolument essentiel pour nous dans la décision de lancer le développement d’un vaccin contre le VRS. En effet, cibler des maladies spécifiques s’est révélé très précieux. Lorsque j’ai commencé à cartographier les différentes juridictions et à analyser la durée de vie restante des brevets, MedsPaL est devenu ma source principale d’analyse stratégique. Grâce à MedsPaL, j’ai pu me poser les bonnes questions : « Que pouvons-nous développer dans telle ou telle région ? » « Développer un vaccin contre le VRS est-il adapté à cette région, par exemple ? »

MedsPaL nous a vraiment aidés dans cette prise de décision stratégique, car nous devons choisir uniquement des produits répondant à un besoin non satisfait, avec une probabilité de succès technique et la possibilité de surmonter le paysage des brevets pour aboutir à un produit viable. En regardant vers l’avenir, MedsPaL sera également très utile pour comprendre le domaine des anticorps monoclonaux (AcM). Je pense vraiment que le MPP devrait investir davantage dans MedsPaL et l’élargir.

Les formations du MPP sur MedsPaL ont-elles été utiles à l’équipe d’Afrigen ?

Les formations du MPP sur MedsPaL sont excellentes. Elles commencent par les bases et montent en complexité progressivement – c’est exactement ce dont les partenaires ont besoin. Les formations couvrent des sujets comme : « Qu’est-ce qu’un brevet ? », « Pourquoi breveter ? », « Qu’est-ce qu’une juridiction de brevet ? », « Pourquoi différentes juridictions existent-elles ? », « Qu’est-ce qu’un brevet provisoire ? », « Quelles sont les priorités ? » J’ai insisté pour que les postdoctorants et les stagiaires d’Afrigen suivent ces formations, car elles permettent une compréhension claire et accessible d’un système très complexe.

Comment MedsPaL pourrait-il encore mieux vous aider ?

Nous devons aller un cran plus loin et commencer à analyser les revendications relatives aux produits dans le cadre du Programme de Transfert de Technologie pour l’ARNm et dans le contexte plus large de la R&D et du développement de produits au niveau mondial.

Une granularité accrue sur les revendications ajouterait une réelle valeur à l’ensemble du programme, pour les 15 partenaires, les autres partenaires R&D, ainsi que pour les petits réseaux qui se développent aujourd’hui à l’échelle régionale.