Alors que nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre le sida 2024, nous prenons le temps de réfléchir aux progrès accomplis dans la lutte contre le VIH et le sida, ainsi qu’aux efforts constants pour améliorer la vie des personnes concernées. Dans cet esprit, nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec Nelson Otwoma, directeur de NEPHAK (Réseau national des personnes vivant avec le VIH et des communautés touchées par la tuberculose et le sida au Kenya). Nelson a partagé des points de vue éclairants sur les avancées du Kenya en matière de traitement du VIH et les étapes cruciales franchies.

Nelson Otwoma est un fervent défenseur des droits des personnes vivant avec le VIH au Kenya. En tant que directeur de NEPHAK, il œuvre sans relâche pour donner une voix et une visibilité accrues à ceux qui sont affectés par le VIH et le sida. NEPHAK collabore étroitement avec le ministère kenyan de la Santé et de nombreuses autres organisations afin de veiller à ce que les droits et les besoins des personnes vivant avec le VIH soient pleinement respectés.

Une avancée majeure dans le traitement du VIH au Kenya

Le Kenya a réalisé des progrès impressionnants dans le traitement du VIH depuis 2004, année où le ministère de la Santé a rendu les traitements gratuits dans les établissements de santé publics. Le gouvernement kenyan a adopté une stratégie « dépistage et traitement », garantissant l’accès immédiat aux soins pour les personnes diagnostiquées. Cette approche a permis une augmentation notable du nombre de personnes sous traitement et une diminution des décès liés au VIH.

À ses débuts, le traitement du VIH nécessitait de prendre plusieurs comprimés, y compris des antibiotiques, ce qui compliquait l’adhérence. Cependant, en 2017, l’introduction du dolutégravir (DTG) dans les protocoles recommandés par l’OMS a marqué un tournant décisif. Le schéma TLD (ténofovir/lamivudine/dolutégravir), une combinaison à dose fixe, ne nécessite qu’un seul comprimé par jour, réduisant ainsi la charge du traitement et améliorant l’observance. Cette innovation, associée à une réduction significative des effets secondaires, a conduit à une adoption plus large des traitements et à de meilleurs résultats pour les personnes vivant avec le VIH.

L’impact du dolutégravir sur le traitement du VIH

Nelson a souligné l’impact majeur du dolutégravir (DTG) sur la prise en charge du VIH au Kenya. Parmi les 1,4 million de personnes diagnostiquées avec le VIH, 1,3 million suivent actuellement un traitement, dont la majorité est sous des schémas à base de DTG. L’arrivée de formulations pédiatriques de DTG a également permis aux enfants d’accéder à des soins sûrs et efficaces. Bientôt disponible au Kenya, la nouvelle combinaison pédiatrique ALD (abacavir/lamivudine/dolutégravir sous forme dispersible – ou pALD) simplifiera davantage le traitement des enfants.

L’optimisation des traitements a permis d’améliorer la suppression virale et la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. En outre, une meilleure observance des schémas thérapeutiques à base de DTG a contribué à réduire la prévalence de la tuberculose (TB), car une suppression virale efficace diminue également la vulnérabilité face à la TB. Cela représente un progrès significatif pour la santé globale des patients.

Surmonter les défis liés au traitement du VIH

Avant l’introduction du DTG, le Kenya devait relever de nombreux défis dans l’accès aux traitements. À l’origine, le DTG était uniquement disponible sous sa forme brevetée, ce qui le rendait inabordable pour les gouvernements. Grâce à la licence volontaire octroyée par MPP et ViiV Healthcare, ainsi qu’aux partenariats avec des organisations comme le Fonds mondial et le PEPFAR, des versions génériques de DTG ont été rendues accessibles à un plus grand nombre de personnes. Ces initiatives ont transformé le paysage du traitement du VIH au Kenya.

L’avenir du traitement du VIH et de l’accès aux médicaments

Nelson a également évoqué l’avenir des traitements du VIH, en insistant sur la nécessité de poursuivre les efforts pour élargir l’accès aux médicaments, en particulier pour les enfants et les populations vulnérables. Il aspire à des traitements à action prolongée pouvant être administrés à domicile, afin de réduire la pression sur les systèmes de santé et leur personnel. Des progrès comme la prescription pluri-mensuelle et de meilleures formulations pédiatriques sont désormais une réalité.

L’objectif ultime est de transformer le VIH en une maladie chronique facilement gérable, permettant aux personnes concernées de vivre plus longtemps et en meilleure santé, sans dépendre de consultations médicales fréquentes. Le concept « I=I » (Indétectable = Intransmissible) illustre également que des traitements efficaces ne se contentent pas d’améliorer la santé des patients ; ils jouent un rôle crucial dans la prévention de nouvelles infections.

Le rôle des licences volontaires et du MPP

Les licences volontaires, notamment via le Medicines Patent Pool (MPP), ont joué un rôle déterminant dans l’amélioration de l’accès aux traitements du VIH. Nelson a salué les efforts du MPP pour négocier avec les entreprises pharmaceutiques afin de rendre les formulations génériques disponibles à grande échelle. Cette approche collaborative a permis à des millions de personnes dans 128 pays à revenu faible ou intermédiaire de bénéficier de traitements abordables à base de DTG.

Ce succès illustre la puissance du plaidoyer, de la diplomatie et des partenariats pour relever les défis mondiaux en matière de santé publique.

Conclusion

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, il est essentiel de reconnaître les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH et les efforts continus pour améliorer l’accès aux soins. Les réflexions de Nelson Otwoma mettent en lumière les étapes importantes franchies par le Kenya et l’importance de la collaboration pour garantir que toutes les personnes vivant avec le VIH bénéficient de traitements optimaux.

Le 1er décembre, l’OMS et l’ONUSIDA se joignent à leurs partenaires et aux communautés pour commémorer la Journée mondiale de lutte contre le sida 2024 sous le thème « Suivre la voie des droits : ma santé, mon droit ! ». Ensemble, nous pouvons mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030, en plaçant les droits humains au cœur des actions et en confiant les rênes aux communautés.