Genève, le 9 janvier 2019. Aujourd’hui, le Medicines Patent Pool (MPP) a félicité la revue The Lancet Gastroenterology & Hepatology pour son étude poussée sur l’incidence mondiale de l’hépatite virale. Ce rapport est le fruit du travail d’une commission d’experts, constituée il y a deux ans pour étudier l’ampleur actuelle de l’épidémie et les solutions pour accélérer son éradication. Selon l’étude, bien que l’objectif d’éradiquer l’hépatite virale d’ici à 2030 soit ambitieux, il reste réalisable.

Charles Gore, directeur exécutif du MPP, et Liudmyla Maistat, de l’équipe du MPP chargée des politiques, faisaient partie de cette commission, ce qui montre bien le rôle de premier plan que joue MPP en faveur de la réduction des prix grâce à ses licences axées sur la santé publique obtenues auprès des fabricants de princeps, pour permettre un accès à des médicaments abordables dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Le MPP a obtenu des licences portant sur le daclatasvir auprès de Bristol-Myers Squibb et sur le glécaprévir/pibrentasvir auprès d’AbbVie pour le traitement de l’hépatite C, et une licence portant sur le ténofovir alafénamide auprès de Gilead pour le traitement de l’hépatite B. Comme le souligne l’étude, les fabricants de médicaments génériques bénéficiaires de licences du MPP produisent aujourd’hui un traitement curatif de 12 semaines à base de sofosbuvir/daclatasvir pour à peine 78 USD.

Cependant, comme le fait remarquer Charles Gore : « Le prix n’est pas le seul problème. Le MPP peut améliorer l’accès aux traitements dans les pays à revenu faible et intermédiaire, mais si les gouvernements, la société civile, les professionnels de santé et les groupes de patients ne travaillent pas main dans la main pour que les malades soient diagnostiqués et pris en charge, pour que les systèmes de santé soient renforcés et pour lutter contre la stigmatisation, le prix, aussi bas soit-il, ne changera rien. Comme le souligne l’étude, les différents acteurs doivent collaborer et partager à la fois les défis et les solutions ».

Même si elle montre que des progrès ont été réalisés en matière d’accès aux traitements, l’étude met aussi en avant les difficultés qui freinent l’éradication de la maladie, en particulier le manque d’outils de diagnostic efficaces, et appelle à une intensification du dépistage, notamment au sein des populations à risque, ainsi qu’au développement de nouveaux outils de diagnostic qui soient abordables et pleinement intégrés aux systèmes de soins. L’étude insiste également sur la nécessité de créer des financements innovants, notamment pour les pays à revenu faible où la charge de morbidité est élevée, ainsi que la possibilité de réutiliser pour l’hépatite les outils de financement mis au point pour d’autres maladies, telles que le VIH et la tuberculose.

Par ailleurs, dans sa liste d’actions internationales prioritaires, l’étude appelle la communauté internationale à faire en sorte que l’ensemble des médicaments essentiels soient accessibles grâce à des licences axées sur la santé publique comme celles du MPP, et que les groupes pharmaceutiques définissent des politiques d’accès spécifiques aux pays à revenu faible et intermédiaire pour les médicaments figurant sur la Liste modèle des médicaments essentiels de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et dans les lignes directrices de l’OMS en matière de traitement. Ces invitations ne font que renforcer la décision prise par le MPP, à la suite d’une étude de faisabilité, d’élargir son mandat aux médicaments essentiels.

L’étude de la Commission du Lancet Gastroenterology & Hepatology ainsi que les commentaires sont disponibles dans leur intégralité ici (en anglais).