Message de Charles Gore, directeur exécutif du MPP, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé 2022

Il faut veiller sur notre santé et celle de notre planète : tel est le message de cette Journée mondiale de la santé. La santé humaine dépend de nombreux éléments, dont l’un des plus importants est l’accès aux médicaments essentiels. Pour que cet accès soit possible, ces médicaments doivent être disponibles et abordables. Depuis sa création, le Medicines Patent Pool (MPP) a permis la distribution de milliards de doses de traitement abordables, sûres, efficaces et de qualité à des personnes vivant dans des pays à revenus faible et intermédiaire, pour aider les communautés à se développer et ne laisser personne sur le bord du chemin.

Tirer des enseignements de la pandémie

La pandémie de COVID-19 nous a donné à voir une terrible réalité : l’innovation ne sert à rien si elle n’est pas mise à la disposition des patients, et l’équité d’accès conditionne la santé de tous. Aucune autre pandémie n’avait encore révélé les dangers et les limites de la dépendance à quelques entreprises pour la fourniture de biens destinés au plus grand nombre. Comme nous avons pu le constater, cette dépendance a des conséquences directes sur le bien-être et les moyens de subsistance des personnes. Le premier enseignement à tirer est la nécessité de mieux répartir, sur le plan géographique, le processus de fabrication des produits de santé. Avec le raccourcissement des chaînes d’approvisionnement, il sera en outre possible de réduire la consommation d’énergie. Si nous n’agissons pas dans ce sens, il nous sera impossible de garantir la sécurité sanitaire qu’une planète en bonne santé exige.

Accès et diversité géographique

C’est dans cette optique que, lorsque nous avons signé des accords de licence sur des antiviraux contre la COVID-19 avec MSD et Pfizer à la fin de l’année dernière, nous avons encouragé les fabricants de génériques de tous les pays du monde à demander l’octroi de sous-licences. Ainsi, 63 sous-licences ont été concédées à des fabricants de génériques de 16 pays : 27 pour le médicament de MSD, le molnupiravir, et 36 pour sur celui de Pfizer, le nirmatrelvir. Ces deux accords de licence permettront aux patients de plus d’une centaine de pays à revenus faible et intermédiaire d’avoir accès aux traitements dont ils ont besoin pour réduire le risque d’hospitalisation et de décès dus à la COVID-19.

Preuve de la réussite de nos efforts, 34 entreprises ont signé pour la première fois un accord de sous-licence avec le MPP, après avoir été retenues au terme d’un processus sélectif. Il s’agit d’une excellente nouvelle, qui montre qu’il existe, partout dans le monde, des fabricants en mesure de répondre à nos exigences de qualité et de sécurité sanitaire. Par ailleurs, cette démarche aura des retombées positives pour l’environnement, puisque les traitements seront produits au plus près des patients.

Figure – Le MPP travaille avec des fabricants de génériques dans 16 pays

 

Bleu clair


Pays où la collaboration entre le MPP et les fabricants a commencé avant la pandémie de COVID-19 : Bangladesh, Chine, Inde, Pakistan, Afrique du Sud, République de Corée.


Bleu fonce Nouveaux pays dans lesquels une sous-licence a été accordée : Serbie, Mexique, Kenya, Jordanie, Israël, Egypte, Brésil, Ukraine, Vietnam.

Aujourd’hui, un total de 58 fabricants de génériques et développeurs de produits travaillent avec le MPP pour fournir des médicaments contre la COVID-19, le VIH, l’hépatite C et la tuberculose dans les pays à revenus faible et intermédiaire.

Alors que le MPP poursuit ses efforts pour faciliter l’accès sans délai à des traitements efficaces grâce à l’octroi de licences volontaires, il collabore aussi avec ses partenaires pour trouver des solutions aux problèmes systémiques.

Les vaccins aussi doivent être produits au plus près des patients

Le centre de transfert de la technologie ARNm s’inscrit dans un programme mis en œuvre à l’échelle internationale pour améliorer la santé et la sécurité sanitaire en développant pour le long terme les capacités de fabrication locales de la technologie ARNm.

Ce programme place l’autonomisation au centre de ses activités. En établissant des capacités de production et en ramenant le savoir-faire à l’échelle locale pour fabriquer des vaccins et des traitements au plus près des patients, on permet aux pays à revenus faible et intermédiaire de s’approprier l’élaboration de leurs propres produits de santé contre les pandémies, actuelles et futures.

Grâce aux donateurs et partenaires, la mise en œuvre du programme pour le transfert de la technologie à ARNm est bien engagée. Afin de soutenir ce programme, ainsi que d’autres initiatives parallèles visant à améliorer les capacités de production, l’Organisation mondiale de la Santé a récemment établi, en République de Corée, un centre de formation destiné au personnel du domaine de la biofabrication qui aidera également à renforcer les capacités en matière de réglementation. Grâce au renforcement des capacités locales et à la formation du personnel à l’échelle régionale, les pays seront en mesure de réduire leur dépendance à l’importation, pour ne plus être laissés pour compte dans les situations de crise.

La nécessité d’investir davantage était l’un des sujets abordés au cours d’une récente table ronde organisée dans le cadre du 7e Forum des affaires UE-Afrique, qui proposait une réflexion sur les moyens de consolider les capacités de fabrication locales en Afrique. Si l’Afrique possède un important potentiel pour ce qui est du développement de ses capacités de production locales, la mise en place d’un modèle d’activité pérenne exigera non seulement des investissements, des transferts de technologies et des actions de formation, mais également un engagement politique fort afin de soutenir cette production locale.

En faire plus contre les maladies non transmissibles

La pandémie de COVID-19 a affaibli la capacité des pays de faire face aux maladies non transmissibles, telles que le cancer, l’asthme et les maladies cardio-vasculaires, qui sont en outre exacerbées par la pollution planétaire. Le MPP agit pour que son modèle de partenariat fondé sur l’octroi de licences volontaires par les acteurs de l’industrie, qui a permis des avancées considérables contre le VIH et l’hépatite virale, soit appliqué au domaine de la lutte contre les maladies non transmissibles. Nous avons inclus de nouveaux médicaments essentiels contre le cancer dans MedsPaL, notre base de données gratuite, et des discussions sont en cours avec des détenteurs de princeps et des partenaires dans le but d’améliorer l’accès à ces traitements vitaux.

Un monde en bonne santé, une planète saine

Nous réfléchissons aujourd’hui à nos acquis et à nos prochains objectifs. Le combat qui se poursuit contre la pandémie nous rappelle qu’un accès équitable aux traitements est essentiel si nous voulons vivre dans un monde sain et durable. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé 2022, l’Organisation mondiale de la Santé a interpelé la communauté internationale afin de répondre à l’urgente nécessité de garantir la bonne santé des humains et de la planète, et de créer des sociétés qui font du bien-être une priorité.  Au Medicines Patent Pool, nous continuons de nous engager pour que les habitants des pays à revenus faible et intermédiaire puissent, eux aussi, avoir accès à des produits de santé de qualité et abordables.